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Centre Pompidou, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle

Eileen Gray


Commissaire : Mnam/Cci, C. Pitiot

D’Eileen Gray, il reste des œuvres uniques, résolument audacieuses, des archives lacunaires et… une série de mystères. Si elle ne souhaitait laisser aucune trace d’elle-même, une de ses notes retrouvées dans ses archives permet d’entrevoir certains des champs artistiques qu’elle a traversés : « le surnaturel, le lyrisme des signes et des formes, la poésie rebelle », mais aussi « l’art nègre, le fauvisme, le cubisme, le futurisme, l’art abstrait en Russie ».

La rétrospective, présentée par le Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle, a replacé le travail d’Eileen Gray, dans sa linéarité, que ce soit à travers une pratique du dessin de la peinture, de la laque, de la décoration intérieure, de l’architecture ou de la photographie. Autant de champs artistiques qui se chevauchent et se nourrissent les uns des autres. Qu’elle soit picturale, décorative ou spatiale, l’œuvre de Gray, par la combinaison des modes d’expression, des champs artistiques et des techniques, prône un retour à l’émotion.

Indépendante et déterminée, la jeune irlandaise, manifeste le souhait de s’extraire d’une sphère familiale très victorienne, en s’inscrivant à la Slade School of Fine Art à Londres en 1900. En 1902 elle s’installe à Paris où elle s’engage avec résolution dans la peinture. En 1910 avec Seizo Sugawara, elle créé un atelier au 11, rue Guénégaud. Cette année ouvre le temps des collaborations, multiples, qui dureront plus de vingt ans. Elle s’entoure des meilleurs artistes et artisans, comme Kichizo Inagaki, ébéniste talentueux, socleur de Rodin et ouvre un second atelier, destiné au tissage de tapis cette fois-ci, avec son amie Evelyn Wyld au 17-19, rue Visconti. Panneaux de laque et tapis sont désormais ses nouveaux supports d’expression. Le travail en deux dimensions intègre peu à peu la mesure de la profondeur. Le paravent devient le marqueur temporel de sa prise en considération de l’espace, il signe aussi chez la créatrice le glissement du figuratif à l’abstraction. Elle crée à partir des années 1920 ses premiers environnements intérieurs et ouvre sa galerie, Jean Désert en 1922.

L’architecte roumain Jean Badovici, créateur de la revue avant-gardiste L’Architecture vivante, lui insuffle l’énergie et la confiance nécessaires pour qu’elle édifie avec lui, de 1926 à 1929, ce que chacun reconnaît comme l’un des chefs d’œuvre du modernisme : la villa E 1027. Après cette prouesse à quatre mains, Eileen Gray reprend sa liberté et conçoit son propre refuge sur la route de Castellar à Menton, la maison Tempe a Pailla. Cette réalisation signe le passage à une autre forme d’architecture, combinaison d’éléments modernes et vernaculaires, qui met en évidence l’indépendance conceptuelle de Gray. Après la construction de Tempe a Pailla, elle produit des dizaines d’esquisses de projets d’architecture. Non construits, ils sont tous en résonnance parfaite avec les idées et les préoccupations de leur époque.

Pour cette exposition, le Centre Pompidou a notamment rassemblé les œuvres de Gray pour le Boudoir Monte-Carlo, la chambre de la rue Bonaparte, les villas E 1027 et Tempe a Pailla. Cette restitution, sous la forme de period rooms, a permis de mieux comprendre l’art de Gray.

L’exposition a rendu hommage à une conceptrice de génie, dont le travail traverse l’Art Déco et le mouvement moderne. Au même titre que Le Corbusier ou Mies Van Der Rohe, Eileen Gray figure parmi les architectes et designers qui ont profondément marqué le XXème siècle et défini la modernité. Dans un univers artistique encore largement dominé par les hommes, Eileen Gray incarne aussi une féminité d’avant-garde. Créatrice totale, elle nourrit aujourd’hui encore l’inspiration de toute une génération d’artistes, ses champs d’action allant de la photographie au textile, de la peinture au laque jusqu’à l’architecture.

Exposition « Eileen Gray », 20/02/2013 – 20/05/2013, MNAM/CCI, Centre Pompidou, Paris, Galerie Sud
Photographie Hervé Veronèse
Exposition « Eileen Gray », 20/02/2013 – 20/05/2013, MNAM/CCI, Centre Pompidou, Paris, Galerie Sud
Photographie Hervé Veronèse